lundi 12 août 2013

Des Hirondelles noires dans Lotbinière.

La colonie d'Hirondelles noires / Progne subis / Purple Martins présente à Sainte-Croix-de-Lotbinière depuis plusieurs décennies tient encore bon malgré la disparition de deux autres colonies sur la rive sud du grand fleuve. À mes débuts en ornithologie, il y a 50 ans cette année, il existait une autre colonie dans la région de Lévis. Celle de Sainte-Croix est venue plus tard et je sais que, à la fin des années 1990, il y en avait une autre à Leclercville. Il était alors possible de les observer à l'embouchure de la rivière Duchêne qui vient se jeter dans le fleuve Saint-Laurent à la hauteur de ce village. Un ami biologiste qui vit à Saint-Antoine-de-Tilly a essayé sans succès d'attirer l'espèce en lui présentant les nichoirs qu'elle préfère i.e.ces grosses cabanes style condos qui peuvent abriter une vingtaine de couples. Malheureusement, ça n'a pas fonctionné.

Le 16 juillet dernier, je me suis rendu à Sainte-Croix avec Pierre Fradette et son coéquipier de l'Atlas, Jesse, car ils désiraient observer cette espèce sur le site de nidification reconnu comme étant celui le plus à l'est au Québec. Pour Jesse, il s'agissait même d'une première observation à vie de cette espèce. Les oiseaux étaient au rendez-vous et les grosses hirondelles étaient en plein activité de nourrissage. Voici quelques photos que j'ai prises à cette occasion.

Le mâle est tout noir avec des reflets surtout bleutés. Notez la largeur du bec à sa base. Les insectivores ont souvent ces becs plats et très larges à la base.


 La femelle a les dessous plus pâles et la nuque grisâtre.


 
Lors de notre visite, ce sont surtout les femelles qui semblaient occupées au nourrissage des jeunes. Comme celle-ci alors qu'elle apporte une libellule bien juteuse à la nichée. Les libellules étaient la cible préférée cette journée là. Je trouvais cela un peu navrant car les libellules étaient nos alliées lorsque les insectes piqueurs venaient nous tourner autour de la tête en forêt boréale. Dès que les libellules apparaissaient, les indésirables disparaissaient.


Une fois que la proie avait disparu dans la gorge d'un oisillon, il arrivait que la femelle prenne quelques secondes de répit en se perchant dans un arbre feuillu tout près du condo.



À cause de sa grosseur et de son poids, il lui arrivait de réaliser quelques acrobaties en arrivant sur la branche. 




Et c'est finalement sous son oeil bienveillant que nous nous sommes éloignés, contents, ravis et enchantés de notre rencontre avec une espèce qui persiste à revenir depuis des décades à cet endroit privilégié.



Le propriétaire des lieux, Benoît Garneau, est le grand responsable de l'attachement des oiseaux à sa cour. Depuis plusieurs décades, il ne cesse de les accueillir à chaque année avec des cabanes propres et surtout disponibles. Il prend bien soin de fermer tous les trous avec du ruban gommé qu'il n'enlève qu'au retour des hirondelles en mai. Les Moineaux domestiques et les Étourneaux sansonnets ne sont pas migrateurs et si les entrées étaient béantes, ils s'empresseraient d'occuper les cavités avant l'arrivée des hirondelles.

Des six espèces d'hirondelles présentes au Québec, l'Hirondelle noire est la plus grosse et la plus rare. Et comme pour tous les insectivores qui côtoient l'homme, elle a connu une baisse significative de sa population. Alors que j'ai observé toutes les autres espèces d'hirondelles jusqu'en Amérique Centrale, l'Hirondelle noire m'a toujours échappé en dehors du Québec. Son chant grave et liquide, ses voltiges aériennes et la beauté de son plumage en font une espèce unique. Je vous souhaite d'en rencontrer bientôt et, qui sait ?, d'en abriter un jour dans votre cour.

À bientôt.



1 commentaire:

Noushka a dit…

Bravo, belles images Laval!
Une espèce que nous n'avons pas en France.
Et belles observations sûrement très utiles aux ornithos.
A bientôt!